Ambiance explosive lors de la réunion publique le 4 juin

450 personnes présentes, 450 habitants en colère, une colère qui s’est exprimée tout au long de cette longue réunion.

Promesse non tenue, vote bafoué, abandon face à la violence, les termes scandés par les participants ont exprimé une révolte bien compréhensible et justifiée face au représentant de l’Etat.

Les interventions du préfet et de la DGAC ont été particulièrement sifflées.

Les interventions des « Témoins » pro-Transfert ont été chaleureusement applaudies: ACSAN (Dominique Boschet), APO (Guillaume Dalmart), COCETA (Joël Sauvaget).

Et tout particulièrement celle de Joël Sauvaget, dernier intervenant qui a été suivie d’une « standing ovation ».

Dans cette ambiance survoltée et quasi insurrectionnelle, le même objectif a été scandé avec force et détermination toute la soirée : TRANSFERT.

Bruno Hug de Larause (PDG Idea et Club des Trente) a exprimé son scepticisme pour trouver un concessionnaire qui investirait 1milliard d’euros si le trafic  est inférieur à 15M de passagers.

Un représentant de l’Agence Régionale de Santé  est venu parler des exigences de l’Organisation Mondiale de la Santé : impact sanitaire sur la population survolée, impact du bruit. Une étude sera engagée avec l’ARS sur cette dimension a promis le préfet, dans un délai rapide ont exigé les participants en l’intégrant dans les scénarios avant prise de décision.

Je voudrais signaler la sortie du livre: « Autopsie d’un déni démocratique » (Marc Bouchery/Frédéric Beniada) qui analyse les méandres qui ont conduit à l’abandon du transfert de l’aéroport et notamment le rôle de la médiation.

Je joins l’excellente préface de Pascal Perri. 

Première réunion réussie grâce à la mobilisation de tous. Il faut continuer pour que le transfert devienne réalité.

Autopsie d’un déni démocratique

Marc Bouchery/Frédéric Beniada

Préface de Pascal Perri

La décision de renoncer à la construction d’un grand aéroport de l’Ouest à Notre-Dame-des-Landes était la pire de toutes celles qui pouvaient être prises. L’Histoire politique s’en souviendra comme d’une décision contraire à l’intérêt général en matière d’aménagement du territoire, contraire à la volonté des citoyens, contraire au droit. Un renoncement qui s’est transformé en poison politique. La décision du Président Macron a mécontenté les partisans du nouvel aéroport sans calmer la violence des zadistes. Quand on gouverne, il faut accepter de faire le compte de ses décisions. Et dans le cas de Notre-Dame-des-Landes, le solde est négatif. L’enquête de Frédéric Béniada et de Marc Bouchery, tous deux parfaitement qualifiés, observateur et acteur du feuilleton aéroportuaire exhume des documents essentiels. Ces pièces, contributions à la manifestation de la vérité, démontrent que la décision finale était fondée sur une expertise tronquée. On peine d’ailleurs à retenir le terme d’expertise tant le rapport des « médiateurs » était orienté, adossé à des hypothèses contestables et d’ailleurs contestées par les experts des administrations concernées. La mission du dialogue était avant tout une mission du renoncement pilotée par un militant écologiste, proche de Nicolas Hulot. Tout devait être fait pour ne pas contrarier la susceptibilité de « l’icône » verte du gouvernement Philippe. En sacrifiant l’aménagement du Grand Ouest, Emmanuel Macron n’a fait que retarder le départ de sa prise de guerre. Finalement, la capitulation de l’Etat à Notre-Dame-des-Landes n’a pas suffi à retenir M. Hulot. Mauvais casting, mauvais choix, mauvaise solution !

Alors que l’Etat venait de battre en retraite, un mercredi de janvier 2018, Edouard Philippe s’était autorisé à dire que son gouvernement avait enfin décidé dans ce dossier vieux de 50 ans. C’est pourtant le contraire qui s’est produit. L’Etat s’est incliné, il n’a pas décidé. Pourquoi ? Parce que la République n’a pas les moyens d’assurer l’ordre public dans la ZAD, ce territoire où ni les gendarmes, ni les juges n’avaient plus accès. Sorti du gouvernement quelques mois plus tard, Gérard Collomb l’a confirmé. La violence a vaincu la légalité. Et elle l’a vaincue durablement. Comment ne pas faire le lien entre les affrontements aux abords de la ZAD et les samedis d’émeutes et de casse dans les grandes villes françaises lors du mouvement des Gilets jaunes ? En offrant les clés de la ZAD aux zadistes, Emmanuel Macron pensait obtenir la paix. Funeste erreur. Les zadistes tenaient leur première victoire et celle-ci en appelait d’autres ! Quand on offre un premier trophée à l’adversaire, loin de l’apaiser, on ouvre son appétit. Le renoncement de l’Etat a légitimé les méthodes des zadistes et le défi violent à l’ordre public. Pour reprendre la formule de Weber, l’Etat a renoncé à son monopole de la violence légitime. Il a accepté de s’abaisser. Dans une société d’information, les images de gardes mobiles et de gendarmes se protégeant des agressions des zadistes ont altéré l’image de la force républicaine légitime. Beaucoup de Français se sont dit : puisque l’Etat est impuissant face à quelques dizaines de délinquants, pourquoi le respecter ? La question que pose l’issue du feuilleton Notre-Dame-des-Landes est la suivante : Peut-on faire confiance à l’Etat ? Cette question est d’autant plus légitime que les électeurs s’étaient prononcés massivement en faveur du transfert de Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes en juin 2016. Le projet avait été validé par la justice à maintes reprises en dépit des recours abusifs des zadistes et de leurs faux nez et il avait donc de surcroit reçu une approbation massive des électeurs. Légalité et légitimité. Les Français ont été trahis deux fois. Les adversaires du transfert ont expliqué sur tous les tons que la consultation n’avait pas été mise en œuvre au bon périmètre. C’est habituel, les adversaires de la démocratie trouvent toujours la démocratie médiocre quand elle leur donne tort ! Toutes les conditions étaient réunies pour que le transfert de l’aéroport de Nantes se réalise. Toutes, sauf le courage des dirigeants du pays. Soyons magnanimes, Emmanuel Macron n’a pas été le premier à trahir. Avant lui, François Hollande enfermé dans une alliance de circonstance avec le parti écologiste Europe Ecologie les Verts avait lui aussi mis un genou à terre. L’affaire de l’aéroport du Grand Ouest illustre parfaitement une des tares de notre temps : la victoire (qu’on espère temporaire) de l’idéologie sur la raison et celle plus sérieuse encore de minorités violentes sur l’intérêt général. En dépit des lâchetés et des renoncements, le problème central du transfert de Nantes Atlantique vers une autre localisation se posera à nouveau à bref délai. D’ores et déjà, la croissance du trafic à Nantes dépasse, et de loin, les projections de la médiation « Hulot ». Le total des populations exposées au bruit s’accroit. Nantes, capitale d’un espace dynamique, a besoin d’un lien avec les grandes régions économiques de l’Europe. L’avion est le seul moyen de transport pertinent pour relier le Grand Ouest français à la Lombardie, à la Ruhr aux Midlands industrielles ou aux grandes villes universitaires européennes. Aucun des arguments qui plaidait en faveur du transfert n’a perdu de sens. Ni pour les personnes, ni pour les entreprises. Qu’on le veuille ou non, un jour prochain, il faudra transférer Nantes-Atlantique vers un autre site.