Lettre au journal Le Monde

Madame, Monsieur,

Dans votre édition du Monde du 27 février dernier, vous avez publié  un article sur la manifestation des opposants à l’aéroport de NDDL.

Vous présentez dans un encart les associations pour ou contre le transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique à NDDL.

Je n’y ai pas trouvé trace de l’association que je préside, l’ACSAN, Association Contre le Survol de l’Agglomération Nantaise, dont je vous joins la fiche de présentation afin de compléter votre information dans ce domaine.

Je vous serais reconnaissant d’apporter un rectificatif à cette présentation.

Puisque la presse se fait régulièrement l’écho de propos tenus par les opposants, permettez-moi d’apporter quelques éléments en réaction à des affirmations que je crois sincères de la part de certaines personnes interviewées, mais qui sont le résultat de caricatures simplistes et d’un manque évident d’analyse et de connaissance de ce dossier émanant d’opposants à bien autre chose que ce seul transfert d’aéroport.


Car très honnêtement, tout le monde peut être contre le bétonnage des terres agricoles et pour la protection de notre planète ! Mais des slogans de ce type ne peuvent résumer la réalité du dossier du transfert de l’aéroport de Nantes.

Ce qui nous différencie n’est pas ce souci de la protection de l’environnement qui nous entoure, même si cette protection concerne prioritairement, pour notre association, les femmes et les hommes qui subissent les nuisances sonores et environnementales liées au survol à basse altitude de notre agglomération, plus de 40000 personnes, sujet dont les médias font bien peu de cas.

Non, ce qui nous différencie est l’approche politique du développement durable de notre territoire, entre, pour les opposants, une conception qui repose sur la décroissance et le renfermement sur soi, et, pour nous et la majorité des habitants de la métropole Nantes – Saint-Nazaire, un projet qui privilégie une croissance raisonnée au sein de l’Europe.

Il apparaît que la stratégie des opposants, qui utilisent des slogans simplistes et caricaturaux, est efficace puisque cela leur permet de séduire et de mobiliser ceux qui regardent le dossier de loin, et que cela simplifie apparemment la vie de beaucoup de chroniqueurs qui privilégient la forme sur le fond.

Il est cependant nécessaire de dépasser ce type d’approche et d’analyser de façon plus fine les éléments de ce dossier, et nous attendons d’un quotidien de la qualité du Monde et de ses chroniqueurs qu’ils se montrent exemplaires dans leurs enquêtes et leurs publications sur un tel dossier.

Je vous joins donc trois fiches élaborées par notre association qui soulignent d’une part la nécessité du transfert, d’autre part l’intérêt écologique de celui-ci, et enfin le coût maîtrisé de cette opération, loin du gâchis d’argent public évoqué par les opposants ; ces données sont factuelles et tirées des documents contractuels et ne relèvent pas d’une interprétation imaginaire.

Je vous joins également nos commentaires sur les éléments du dossier mis en cause par les opposants à travers les travaux de leur « atelier citoyen » ; une analyse comparée un tant soit peu attentive de ces documents, et des expertises produites en 2013 par la DGAC, ne peut que permettre de constater que le maintien de l’activité aéroportuaire sur Nantes Atlantique constituerait un non sens technique, économique, environnemental et urbanistique.

Sur le sujet de la consommation des espaces naturels et de la protection des terres agricoles, l’analyse est tout aussi édifiante.

Si l’on s’en tient au secteur prévu pour l’aéroport de Notre Dame des Landes, 1239 ha, cela peut frapper l’imagination, surtout lorsqu’on arrondit hâtivement à 2000 ha ou plus, alors que seulement 150 ha seront imperméabilisés pour les pistes et bâtiments.

Si l’on regarde plus attentivement les conséquences du transfert de Nantes-Atlantique, la suppression  du PEB sur l’agglomération nantaise permettra une urbanisation cohérente de 350ha à l’intérieur du périphérique, avec possibilité de construction de 6000 logements et d’accueil de 15000 habitants.

Si ces 15000 habitants devaient se loger à l’extérieur de l’agglomération, dans des communes situées à plusieurs dizaines de kilomètres, les aménagements pour accueillir ces personnes dans des habitations à l’horizontale, nécessiteraient une consommation de terres agricoles et naturelles bien supérieures à celle prévue pour le futur Aéroport ; de plus, cette extension de l’aire urbaine contribuerait à augmenter les déplacements en voiture, source de consommation d’énergies fossiles et d’émission de gaz à effet de serre.

On voit bien à travers cet exemple que ce qui paraît simple et évident au premier abord nécessite   de regarder et d’analyser la complexité de ce dossier pour conclure ou non à l’intérêt de ce transfert.

L’ACSAN est à disposition des journalistes du Monde qui souhaiteraient approfondir l’ensemble de ces sujets.

Dominique BOSCHET

Président de l’ACSAN

association loi 1901

membre de la commission consultative de l’environnement de l’aéroport de Nantes-Atlantique